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Samedi  - Frontière Mauritanienne - Motel

J'arrive vers les 17 heures au poste frontière mauritanien. Un vent de sable persistant souffle sur la région. Des policiers me disent qu'il risque de s'intensifier. Les formalités sont faites, cette fois, en dix minutes et rien à payer. Je roule sur l'ancienne route espagnole sur deux cents mètres puis j'attaque la piste défoncée au pas, debout sur les cale pieds pour soulager le train AR, cherchant le passage au milieu de la multitude de traces, quand tout à coup, la moto se met à brouter et dans un bruit métallique stoppe. Je pense aussitôt au moteur. Je béquille et constate que la chaîne a déraillé. Rien de cassé, à première vue, mais un maillon est coincé par un boulon de la couronne arrière. Rien de grave donc, je prépare le matos pour réparer mais je dois faire vite car le poste frontière marocain ferme à 18h30.

Comme il fallait le prévoir, le maillon coincé ne veut rien savoir et de plus il est complètement tordu. Je vais donc devoir changer la chaîne, et impossible de la faire bouger. La seule solution consiste à enlever la roue arrière. Bigre ! Cela ne va pas être de la tarte. Après avoir mis quelques pierres sous le protège carter, démonté la roue avant, la bécane en équilibre instable, la roue arrière peut-être retirée. Le vent qui souffle par rafales, chargé de sable, ajoute du piment à l'opération. La chaîne de remplacement est du modèle à joints toriques et en voulant ouvrir le sachet contenant à la fois les quatre joints, la clavette et la contreplaque, je le fais littéralement exploser. L'ensemble emporté par le de vent, se perd dans le sable et les gravillons...

Si j'avais été Japonais je me serais immédiatement fait Hara Kiri, si j'avais eu un pistolet, j'aurai... mais je me suis contenté de m'insulter, de me traiter de vieux con. Puis, à quatre pattes, priant Dieu et Allah et tous les Saints de la terre, je me suis mis à la recherche de ces trésors très précieux. La lampe torche aidant, car le soir tombe, je retrouve un à un, et en moins d'une demi-heure les pièces perdues. Un vrai miracle! La baraka en quelque sorte, En remettant la roue arrière, la moto perd l'équilibre et se renverse. Rien de cassé, juste le levier d'embrayage tordu.

Sur ces entre faits, arrive un énorme Range Rover flambant neuf. A son bord un couple du Var, très BCBG, la passagère " emperlousé ", portable à l'oreille, raconte en direct, à ses copines, le passage de la frontière. Le gars au volant, chèche autour du cou, chemise blanche aux plis parfaits, me toise du haut de sa caisse. Puis, abaissant sa vitre électrique à ma hauteur, me lance : " C'est bien la piste ? " Interloqué, je lui réponds par l'affirmative. La glace remonte et sans un mot ils repartent.  C'est beau l'entraide entre voyageurs !

Après deux heures de galère, j'arrive vers 19 heures au poste frontière marocain fermé. Expliquant ma mésaventure, et à la vue de l'état de mes mains, les douaniers acceptent de faire des heures supplémentaires. Merci les gars.

Vers vingt et une heures j'arrive enfin au motel-station service où j'avais, voici quelques jours, pris la mauvaise direction. Fourbu, le vent soufflant violemment, je n'ai guère envie d'aller bivouaquer sur les marches du futur stade. Aussi, bien que la chambre soit facturée 100 DH (10 €), j'ai craqué pour un lit douillé ainsi que pour un dîner digne de ce nom.

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