Le choix était bon, car j'ai passé une excellente nuit. Le vent n'a pas arrêté de souffler, mais mon abri s'est montré efficace. Quittant le bivouac, j'arrive à la route et tourne à droite en direction de la frontière. Quelques mètres plus loin, je me ravise et fais demi-tour afin de remplir ma gourde à la fontaine située en face du bivouac. Mon plein d'eau achevé j'enfourche de nouveau la Tw et après avoir rejoint la route, tourne à droite.
Devant la centaine de km qui me sépare de la frontière, je préfère partir, comme à l'habitude, dans une rêverie qui me permet de supporter les longues et monotones heures de conduite dans cette immensité désertique. Au bout d'une heure environ, l'air frais de l'océan me fait revenir à moi. L'océan est bien là sur la gauche, longue langue bleue dans le décor de sable qui ...
A gauche !!! L'océan à ma gauche ! Mais bon sang, il devrait se trouver sur ma droite, et en plus j'ai le soleil à droite.
Merde ! Je tire plein Nord !!
J'arrête la bécane et reprends mes esprits. L'erreur est vite trouvée. En quittant mon bivouac si j'ai bien tourné à droite, comme il le fallait, le fait d'avoir voulu refaire mon plein d'eau à la fontaine d'en face, m'a induit en erreur et j'ai machinalement tourné, de nouveau à droite au lieu de tourner à gauche en revenant sur la route. Une heure de perdue, et 65 km à refaire pour revenir au point de départ.
Je rejoins la station service, refais le plein et repars vers la frontière en ayant, cette fois, le soleil à ma gauche.
Enfin arrive le poste frontière marocain. Peu de monde, quelque 4x4 et des camions. Les formalités sont assez vite expédiées. Puis j'attaque ce qui fut des décennies durant la hantise et l'angoisse de tous les voyageurs, le passage du no man's land entre le Maroc et la Mauritanie. Toutes les histoires les plus folles ont courues sur ce tronçon qui fut jadis miné. La piste n'étant pas balisée, elle se divise parfois et part dans tous les sens. Il y a des cailloux, du sable et des culs de sac. Des bandes de mauritaniens, tel des vautours, attendent les touristes perdus ou ensablés pour les remorquer moyennant un prix qui dépasse les 100 €... l'arnaque dans toute sa splendeur.
Les quelques zones de sable me confirment que ce style de terrain n'est pas particulièrement apprécié par la Tw et à plusieurs reprises, je termine légèrement en vrac dans les passages sablonneux.
Après 5 km de galère, je pointe au poste frontière mauritanien, sorte de container, peint en vert, où se trouve le policier qui me réclame déjà la modique somme de 10 € tout en me remettant un reçu, très officiel, mentionnant " qu'une rétribution de 3000 Oguyda a été allouée au fonctionnaire de police pour le travail supplémentaire effectué par les éléments de l'immigration de Nouadhibou ". Génial ! Je subis, quelques mètres plus loin, le même sort avec le douanier. Vers midi, quittant le poste frontière j'arrive à la célèbre voie ferrée Choum - Nouahdhibou, sur laquelle circule le plus long train de minerai du monde. Je décide de casser une petite graine. Cet arrêt me permet également de pouvoir faire une photo du train qui passe, par miracle, au moment précis où je m'installe.